(source photo : site officiel Artpeggios)
Le programme est ambitieux : le 17 mai, de midi à 18 heures, les étudiants de l’école de musique et d’art Artpeggios ont montré au public le résultat de plusieurs mois de pratique. C’est au Bhavan center, du côté de West Kensington, qu’avaient lieu les festivités. En coulisse le staff, planning en main, vérifie que tout se passe bien. Quant aux enfants, stars de la journée, ils ne semblent pas si stressés : certains écoutent les derniers conseils de leur professeur, tandis que d’autres accordent leur instrument derrière la scène.
Il serait réducteur de dire qu’il n’y avait que des enfants sur scène, puisque les élèves d’Artpeggios sont de tout âge : il ne fut d’ailleurs pas rare de voir des familles se produire ensemble. De plus, les professeurs ont eux aussi fait part de leurs capacités respectives, parfois sous forme de duo, ou de groupe. Néanmoins, c’est sur les futurs talents de demain que notre article se penche aujourd’hui.
La culture au coeur d’études sur la jeunesse
Tout au long de la journée se succèderont guitaristes, pianistes, magiciens, chanteurs, acteurs, pros du yukulélé, violonistes, alors que les oeuvres des élèves de dessin et d’art sont affichés dans le hall. Ce large choix de cours, mais aussi la diversité des styles musicaux des étudiants, est ce qui fait aujourd’hui la force d’Artpeggios, à une époque où l’on questionne beaucoup la part de la culture dans le système scolaire. Comme nous le disait lors d’une précédente rencontre Jacques Nazaire, le co-fondateur de l’école, qui revêt pour l’occasion la casquette d’animateur de l’événement, le système scolaire anglais donne beaucoup plus de moyens aux étudiants de développer leur côté culturel, avec plus d’infrastructures, et un budget adéquat. En France, cela se résume malheureusement trop souvent à l’apprentissage de la flute à bec.
Et pourtant, la culture joue un rôle majeur dans nos sociétés. Ernest Leroy Boyer était un Commissaire chargé de l’Education, rattaché au gouvernement américain. Il estime que “la qualité de la civilisation peut être mesurée à travers sa musique, ses danses, son théâtre, son architecture, ses arts visuels et sa littérature. Nous devons donner à nos enfants la connaissance et la compréhension des travaux les plus remarquables de la civilisation”. Quant à son impact sur l’évolution de l’enfant, de nombreuses études ont tenté de prouver (ou réfuter) une telle idée. Nicole Malenfant, musicienne, diplômée de pédagogie est auteur de L’éveil du bébé aux sons et à la musique. Selon elle, “la musique n’a que des effets positifs sur le développement de l’enfant. Les recherches vont souvent dans le même sens : des programmes de musique à l’école ou des écoles spécialisées amènent les enfants à mieux perforer dans les autres matières. L’enfant apprend à écouter son jeu, à coordonner ses mouvements, à développer sa mémoire, à affiner sa sensibilité, à s’extérioriser. Il en retire satisfaction et fierté, et augmente, par le fait même, son estime de soi“.
Et nos artistes en herbe, ils en pensent quoi ?
Nous avons cherché à interroger des enfants, au détour des leur performance. Marco a dix ans, et aujourd’hui, il joue au piano une chanson qu’il a lui même inventé. “J’ai joué quelque chose et ça m’a plu“, explique t-il à notre micro. Il aime la musique, tout comme Sonora, 13 ans, qui a déjà un CV à faire pâlir d’envie certains : en plus de la guitare, qu’elle a actuellement à ses côtés, elle étudie le chant et la magie à Artpeggios. “J’adore jouer : je joue tout le temps de la guitare, je chante tout le temps, j’écris même mes chansons. Si je peux en faire mon métier, ce serait bien”, raconte t-elle, en précisant bien qu’elle n’en néglige pas pour autant son cursus scolaire.
Camille elle, du haut de ses 11 ans, nous a livré une version très impressionnante d’Over the Rainbow, célèbre titre de The Wizard of Oz. “J’ai envie d’être chanteuse et actrice plus tard”, nous dit-elle très sereinement. “Je trouve que la musique m’aide à “express myself”, comme on dit en anglais. Ca fait partie de moi“. Elle espère ainsi pouvoir continuer des études musicales, pour réaliser son rêve.
Nul doute que les enfants sont sortis de scène avec le sourire alors qu’il s’agissait, pour certain, d’une première performance en face d’un public. En attendant, les cours continuent à Artpeggios : en pratiquant, on prépare déjà le spectacle de l’année prochaine.
Cindy Jaury (www.lepetitjournal.com/londres) vendredi 30 mai 2014